Au sommum de l'extase

Au sommum de l'extase

Par-delà les entrechoquements de mon pubis d'avec le tien,
Au sommum de l'extase
Mon corps est sorti de son tabernacle de chaire
Pour embrasser malgré lui
Cette somesthésie vulgaire
Vulgaire au point qu'elle pullule de secrets d'alcove,
Pue la senteur de tes nuits sensuelles,
Ta réalité sauvage
Faite d'abseinte et de "jouk li jou"
Qui pismarguent dans ton antre
Et me donne le vertige

Par trois fois j'ai joui
Oui! Je jouis en pleine commissération
Pour ta peau d'ébène
Marche-pied des Yankees
Pure purgatoire pour les visées branlantes,
Depuis leur éjection, par les nantis du nord, les touts puissants,
Pour le bien être,
Comme ils le clament, des plouques du Sud.

Par-delà les entrechoquement de mon pubis d'avec le tien
Au sommum de l'extase
Je crie ta perversion
A mesure que j'écris l'autre version de ton histoire
... Celle où tu te donnes pour rien,
Celle où tu te donnes par amour pour l'autre'
Celle encore où tu partages ton étreinte
Valses, vogues, voltiges, convulses même
Dans le dédale des délices de l'amour.

Par-delà les entrechoquement de mon pubis d'avec le tien,
Au sommum de l'extase
Je plains la nonchalance du temps et de la vieillesse,
Je pleure la fatigue,
J'en appelle même aux bienfaits de la mort
Qui, si bien fait son travail,
Accomplit sans tergiversation sa mission.

Au sommum de l'extase
On aime l'idée de la fin
Cette fin qui n'en fini pas de finir:
.... La mort.

Par-delà les entrechoquement de mon pubis d'avec le tien
Au sommum de l'extase,
Hors du champ de l'entrebaillement de tes cuisses,
J'entreapperçois ton dégoût des jours passés,
Ta colères contre ton corps
Etalé a la mercie de l'inconnu
Imbus de sa personne,
Fiers de sa somme en poche
Qui baisse ta culotte
Comme on baisse l'étendard d'une nation en mal de fierté.

Au sommum de l'extase,
Entre anamorphose et métamorphose
Tu n'as que l'embarras du choix
Depuis que tu as perdu la notion du temps;
Enfouie par la peur du réel
Dans cette amnésie hydillique,
Ce déni, telle une soupape de surté, un méssie

Par-delà les entrechoquement de mon pubis d'avec le tien,
Au sommum de l'extase,
Tu vis comme tu n'as jamais vécu,
Comme peut-être demain tu ne vivras jamais;
Parce que dégoutée,
Tu plains à cette heure ta peine;
Une peine depuis longtemps refoulée,
Une peine bue
Dans le décompte des billets verts
Entassés tels des tessons de verres
Défiant en concurrence le nombre d'amants
D'un soir ou d'un instant
Qui ont souillé ton sexe
Mutilé ta chaire désossée,
Dépucelée par la hargne de tes bourreaux sensuels
Qui te conte leur vie à mi-chemin
Entre une injure et un tour de rein.
Alors que tu es femme,
Humaine au point qu'on puisse l'être,
T'humiliant jusqu'à perdre ton identité,
Tu ne comptes plus tes extraits de naissances
Qui comprennent toute la salve des bêtes sauvages de la jungle:
Cougar pour celui-ci,
Chienne pour l'autre
Te réclamant des aboiements;
Les chaines de l'esclavage enserrent encore tes poignets...
Quand viendra-t-il ce Dessalines
Ce Capois la Mort, ce Toussaint Louverture
Qui te fera recouvrer ta liberté?
Liberté! Liberté! Cries-tu à tue-tête
Au sommum de l'extase
Par delà les entrechoquement de mon pubis d'avec le tien
Avant que mon corps ne devienne
Qu'un fardeau que tu ne puisses supporter...

Amant...
Client ou conquérant à tes yeux je suis peut-être
Entre-temps que tout ton être,
Toute ton âme te convainc du contraire.

Et nos corps en détresse
Comme des cadavres délaissés,
Jetés au hasard par des vagues sur une rive inconnue,
Parlent entre eux
Ce language que seul l'ébène connais.
Tu fermes les yeux;
Je te rejoins,
J'attrappe tes lèvres pulpeuses
Le temps d'une seconde
Puis, je murmure à ton oreille
Ce chant patriotique
La dernière laisse de ma Geste:
Par la bravour de Capois la Mort,
Par la hardiesse de Toussaint louverture
Par la poigne furtive de l'épée sanglante de Dessalines
Tu es libre!
Oui, libre! ...


CSJ.

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